le magicien
ouvre le rideau
en un tour de main
tous mes cauchemars sont beaux
le magicien
ouvre mon oreille
il y glisse un mot
écrit en Braille
et nous traversons
sans encombre
plusieurs épaisseurs de nuit
pour y saluer nos ombres
qu’importe alors
que nous perdions
le fil
puisque nous voyageons
immobiles
le magicien ouvre le rideau
en moins d’une seconde
fait d’une brune
une blonde
le magicien
ouvre son rasoir
et mes yeux découvrent
ce qu’il ne fallait pas voir
et nous traversons
sans encombre
plusieurs épaisseurs de nuit
pour y saluer nos ombres
qu’importe alors
que nous perdions
le fil
puisque nous voyageons
immobiles
et si la vie
ne te dit plus rien qui vaille
traversons le brouillard
et passons les murailles
qu’importe alors
que nous perdions
le fil
puisque nous voyageons
immobiles
le magicien
ouvre le rideau
en un tour de main
tous mes cauchemars sont beaux
on était sur un coup fumant
qui devait nous rendre
riche immensément
on était sur un coup fumeux
qui aurait dû nous rendre heureux
soi-disant
on aurait voulu se noyer
dans la couleur locale
et le crin-crin des cigales
on aurait voulu s’envoyer en l’air
avec des filles vénales
dans la grande suite royale
mais nous voilà en rase campagne
au milieu de nos châteaux en Espagne
oui nous voilà en rase campagne
mauvaise graine
à l’ombre de la mauvaise herbe
on aurait voulu se noyer
dans la couleur locale
et le crin-crin des cigales
un voeu que rien n’exauce
une bastos dans les dents
un coquelicot sur le flanc
mon sang pour nourrir le causse
et nous voilà en rase campagne
au milieu de nos châteaux en Espagne
oui nous voilà en rase campagne
mauvaise graine
à l’ombre de la mauvaise herbe
au coin de l’araignée
le papier se décolle
les casseroles
fleurissent dans l’évier
et je broie du noir
sur l’eau des nouilles
vaut mieux pas savoir
ce qui traverse
ma tête d’andouille
mon âme erre
elle flotte dans un courant d’air
au coin de l’araignée
le papier se décolle
les casseroles
fleurissent dans l’évier
c’est la fin des Haribo
des cacahuettes
du chocolat
et autres tablettes
mon âme erre
elle flotte dans un courant d’air
au coin de l’araignée
le papier se décolle
les mouches dansent
elles sont folles à lier
au plafond claquent
des talons-aiguilles
dans mon sommeil profond
marchent des filles
mon âme erre
elle flotte
dans un courant d’air
gangster en cavale
je perds en chemin
mes diamants
mes opales
et mon sang
hussard volant
au secours de la Générale
cavalier de la plus belle du bal
boxeur en mal
de sparring partner
je jette le gant
je perds la main
et je crache mes dents
tirailleur tire-au-flanc
légionnaire de carnaval
je cherche l’amour
sous le sabot d’un cheval
noir et blanc, couleur
l’écran est toujours menteur
la brigade légère
charge un mirage
dans le désert
noir et blanc, couleur
l’écran est toujours menteur
et la promise c’est sûr
viendra m’embrasser
avant qu’je meure
j’pilote mon zingue
au milieu des rafales
je rêve en chemin
de tapis volants
et je perds mon gasoil
haut-les-coeurs
dans les haubans
et les voiles
ou bien mutin, forban
à fond de cale
gangster en cavale
je perds en chemin
mes diamants
mes opales
et mon sang
tirailleur tire-au-flanc
légionnaire de carnaval
je cherche l’amour
sous le sabot d’un cheval
noir et blanc, couleur
l’écran est toujours menteur
la brigade légère
charge un mirage
dans le désert
noir et blanc, couleur
l’écran est toujours menteur
et la promise bien sûr
n’était rien d’autre
qu’une promesse en l’air
cette rivière s’appelle La Garce
on dit qu’elle prend sa source
à gauche du Baigneur
plus d’un tour dans son ressac
plus d’une mauvaise farce
cette rivière s’appelle La Garce
elle a l’air si bonne
sous le soleil de juillet
à croire qu’il n’y aura
plus jamais d’automne
elle a l’air si bonne
elle a de ces reflets
et c’est vite fait
qu’on se déboutonne
combien de garçons noyés
dans le tourbillon en amont
combien de noms rayés
sur le carnet de bal
on y coule des jours heureux
on y coule des amoureux
des malheureux de toutes sortes
que le courant emporte
Apaches Comanches
où sont nos cache-cache
et la captive à la peau blanche
Cheyennes Sioux Dakotas
je veux que reviennent
les mustangs et les apaloosas
allez-y
chassez en moi
le mauvais esprit
l’ennui du yankee
il y a longtemps
que je l’attends
l’attaque du train
quotidien
Arapahos Nez Percés
vos cris vos galops
n’ont pas cessé de me bercer
Hurons Iroquois
allons percez-moi
d’une flèche de vos carquois
mais où sont passés mes Indiens
mes tribus nues aux visages peints
où sont mes Indiens ?
allez-y
chassez en moi
le mauvais esprit
l’ennui du yankee
il y a longtemps
que je les attends
mais où sont passés
mes Indiens ?
enregistré en 2003 au studio du moulin span>
françois dreyfus - guitare, chant
laurent gagliardini - guitare
xavier delrieu - basse
hervé marché - batterie
damien gelée - batterie*